SCENE V. – DOMINIQUE, HONORE, ELISE, ANGELIQUE, CYPRIS, PHILIPPE.
ELISE
J’arrive !
Elle ouvre la porte. Cypris est là, accompagné de Philippe.
Vous ici ? Ca n’est pas le moment !
Pouvez-vous revenir ultérieurement ?
Comme Elise s’efforce d’obstruer l’entrée, Cypris passe en force.
CYPRIS
Angélique, ma douce !
La jeune fille reprend ses esprits et s’évanouit aussitôt à la vue de Cypris.
ELISE
Allez-vous-en, vous dis-je !
CYPRIS, à Elise.
Que lui avez-vous fait ? Répondez, je l’exige !
HONORE, à Cypris.
Bon, suffit maintenant ! Veuillez me laisser faire !
Mêlez-vous, s’il vous plaît, Monsieur, de vos affaires.
A Dominique.
Et vous, ne restez pas à bayer aux corneilles !
Apportez-moi de l’eau.
DOMINIQUE
Oui, combien de bouteilles ?
HONORE
Des bouteilles ! Mais non ! Un grand seau, imbécile !
DOMINIQUE
Pour se désaltérer ? Un seau ? C’est difficile !
Puis il part chercher le seau d’eau qu’il ramène quelques instants plus tard.
ELISE
C’est un âne bâté !
HONORE
Oui, c’est vrai qu’il est bête !
ELISE, à Cypris.
Cypris, allez-vous-en ! Sortez, je le répète !
Votre vue, semble-t-il, n’est pas, pour la petite,
D’un secours bienveillant.
CYPRIS
Ça, c’est vous qui le dites !
Honoré a vidé le seau sur la tête d’Angélique.
Ho, doucement !
HONORE, à Angélique.
C’est bien ! Tu reprends tes esprits !
ANGELIQUE
Il est ressuscité ?
HONORE
Qui ? Je n’ai pas compris ?
ANGELIQUE
Et l’homme, l’homme qui était couché ?
HONORE
Le mort ?
ANGELIQUE
Oui !
HONORE
Il n’a pas bougé. Il est ici, encore !
ANGELIQUE, à Cypris.
Voilà donc exaucé mon souhait le plus cher
Puisque tu es vivant. C’est toi ?
CYPRIS
Si fait. En chair
Et en os !
HONORE, l’air désappointé.
C’est lui ? Mais… Qui avons-nous tué ?
ELISE
Cypher ! Ni plus ni moins !
HONORE, toisant Elise.
Garce ! Elle m’a floué !
Quel crime a-t-il commis méritant ce verdict,
Qui en fasse l’objet d’une telle vindicte,
Puisqu’à fortiori, le véritable élu
De ma nièce, c’est lui ?
Il désigne Cypris.
ELISE
Je lui en ai voulu.
Ce pleutre, ce cruel goujat m’a fait souffrir
Et ce motif suffit, à mon sens, pour mourir.
Je me suis donc servie de votre bras puissant
Pour laver ses affronts, venger ses maux blessants.
C’est celui de Cypris, son bras, en l’occurrence,
Qui fut finalement le fer de ma vengeance.
Et ce fameux courrier que, de moi, vous reçûtes
N’était pas de Cypher, néanmoins, vous crûtes.
J’avais falsifié le seing de cette lettre.
Cette idée, j’en conviens, fut une idée de maître,
Et pourtant, celle-ci n’émanait pas de moi
Mais de ce bon laquais, pas trop sot cette fois.
Grâce à votre concours, je parviens à mes fins ;
Je vous en remercie car Cypher est défunt.
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