SCENE III. – PHILIPPE, CYPHER, CYPRIS
PHILIPPE
Que vois-je, dans vos mains ? Moi, c’est la pénurie !
CYPHER, retourne la bouteille dont il vient de se servir. Il n’en sort que quelques gouttes.
Oui, mais mon pauvre ami, notre source est tarie.
PHILIPPE
Ma brutale arrivée vous rend soudain perplexes ;
Vous ne voudriez point que de vous je m’indexe ?
CYPRIS
Nullement ! Tu nous vois honorés et ravis
D’être en ta compagnie. C’est du moins mon avis.
CYPHER
Et, pour te rassurer, celui que je partage.
PHILIPPE
Alors buvons, chantons ! Sus à tous les breuvages !
Ce bal vraiment me plaît. Mais j’y pense, d’ailleurs :
Nous n’avons point trinqué ? C’est bien là la meilleure !
Il apostrophe Dominique.
Laquais, de ce litron, ôtez donc le bouchon !
Ne remarquez-vous pas que nous nous asséchons ?
De votre dextre aussi, fort adroite, sans doute,
Versez nous ce nectar sans en perdre une goutte.
Le valet s’exécute.
C’en est fait. Maintenant, je soutiens mordicus
Qu’il nous faille porter un toast au grand Bacchus.
Les trois amis lèvent leur verre.
Tu pourras, cher Cypher, de ton Elise aimable,
Vanter fort justement les talents remarquables.
CYPHER
Je n’y manquerai point. Mais apprends tout de même,
Qu’Elise, désormais, n’est plus celle que j’aime.
PHILIPPE
J’en suis tout ébaubi ! Que s’est-il donc produit ?
CYPHER
Rien. Je l’ai simplement libérée aujourd’hui.
PHILIPPE
Tantôt, cette nouvelle il se faudra répandre.
Dames, disputez-vous le cœur d’un homme à prendre !
Cypris embrasse-t-il toujours le célibat ?
CYPRIS
Une fille charmante a mis le branle-bas
En mon âme paisible.
PHILIPPE
Il faut qu’elle te plaise !
CYPRIS
C’est ainsi, je crois bien.
PHILIPPE
Tant mieux ! J’en suis fort aise.
CYPRIS
Tu nous mets aux aveux, et tu nous interroges
Sur cette sauterie dont tu fais les éloges.
Quant à toi que fais-tu ?
PHILIPPE
Rien de mal, je le jure !
En voyant ces buffets, l’idée d’une gageure
M’a traversé l’esprit, mais elle est téméraire.
Convenez avec moi que ces plats, ces desserts,
Ces fruits, ces entremets, ces nombreuses bouteilles
Méritent largement que quelqu’un les essaye.
Alors, j’ai décidé de me mettre à l’ouvrage
En goûtant tous ces mets pour leur rendre un hommage
Et je viens d’entamer ce parcours culinaire
Dont je n’ai dégusté que les préliminaires.
Mon palais, je l’avoue, est bien loin de s’en plaindre ;
C’est pour mon estomac que le pire est à craindre…
CYPHER
Je t’ai connu jadis on ne peut plus vorace,
Certes, mais ton projet, tout de même, est cocasse !
Tu ne peux avaler sans incident gastrique
De telles quantités !
CYPRIS
Plutôt astronomiques !
PHILIPPE
Il faudrait, pour cela, qu’un peu je me concentre.
CYPRIS
Et tu auras les yeux aussi gros que le ventre !
PHILIPPE
Bah, j’ai toute la nuit pour boire et grignoter !
CYPHER
C’est qu’en plus d’être sot, le bougre est entêté !
PHILIPPE
Ne croyez surtout pas que je veuille attiger !
CYPRIS
D’une bien triste issue je ne veux présager…
PHILIPPE
Soit, mais en attendant, je retourne à la tâche.
Philippe retourne dans la salle du buffet.
CYPHER
L’as-tu bien entendu ? Avec son air bravache !
N’a-t-il pas les lubies d’un fol énergumène ?
CYPRIS
Fichtre ! Je reconnais que c’est un phénomène !
CYPHER
Amusons-nous plutôt de ses frasques multiples
En pistant notre ami dans son friand périple.
CYPRIS
Vas-y ! Adonnes-toi aux joies gastronomiques.
J’essaie, de mon côté, d’aborder Angélique.
Cypher suit Philippe dans la salle à manger tandis que Cypris essaie de retrouver Angélique au milieu des danseurs.
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