ACTE 5 SCENE 2

ACTE 5 SCENE 2

SCENE II. – DOMINIQUE, HONORE, ELISE.

 

Dominique introduit Honoré dans la grande salle ou l’attend Elise.

 

ELISE

Approchez, Honoré. Entrez, je vous prie,

Et de gêne, ma foi, ne restez point pétri.

 

HONORE

Non, je reste debout. Pas le temps de m’asseoir !

 

ELISE

Ce crapaud vous tendait pourtant ses accoudoirs !

Quelle mine avez-vous ! Vous semblez fort mari !

 

HONORE

Oui, dans mon cœur meurtri, ce n’est point l’euphorie.

 

ELISE

La lettre, n’est-ce pas ?

 

HONORE

Oui.

 

ELISE

Quelle félonie !

Je voudrais partager de votre acrimonie.

Mais j’y pense, Honoré ; avez-vous vu Cypher ?

 

HONORE

Tout à fait ! Il est mort.

 

ELISE

Grand dieux ! A-t-il souffert ?

 

HONORE

Souffert ? Sincèrement, je n’en sais que trop rien…

Si c’est le cas, tant mieux ! Il le méritait bien !

 

ELISE

Vous l’avez terrassé au cours d’un bref combat ?

 

HONORE

Non. Je n’étais pas seul à vouloir son trépas.

 

ELISE

Ah ?

 

HONORE

J’étais sur le point de punir ce farceur

Lorsqu’un hurluberlu entra dans sa demeure,

Passablement froissé, incontrôlable, bref…

Il avait, semble-t-il, un sérieux grief…

Contre son compagnon.

 

ELISE

Ceux-ci se connaissaient ?

 

HONORE

Oui, mais dans ma querelle, il venait s’immiscer

Alors que je tenais tout personnellement

A embrocher Cypher.

 

ELISE

Et l’autre ?

 

 

HONORE

Egalement.

Rien n’était suffisant pour nous départager ;

Nos vies, pareillement, il avait saccagé.

Pour savoir qui de nous aurait cette bataille,

Il n’était qu’un moyen, un seul : la courte paille.

Nous tirâmes au sort. La guigne m’acheva ;

L’autre était plus en veine et la grande enleva.

Je rageai, je pestai contre mon imposteur

D’être réduit à n’être là qu’un spectateur.

Mais la chance en avait décidé autrement

Et le duel pouvait commencer, maintenant.

Ainsi, je regardai résigné tous leur gestes…

 

ELISE

Alors ? Vous regardiez ?

 

HONORE

Vous connaissez le reste !

Les attaques fusaient et Cypher, pêle-mêle,

Bondissait de partout comme une sauterelle.

Et hop, un bond à gauche, et hop, un bond à droite,

Ses coups étaient risqués, ses ruses maladroites.

Et hop, un bond à gauche, il semblait un dindon

S’affairant à danser sur l’air d’un rigodon.

Au fond, je m’ennuyais. Ce combat fut lassant,

A tel point qu’à la fin, c’en devînt agaçant.

Enfin, l’autre eût l’idée de se placer de face

Puis de lui assener un puissant coup de grâce.

Ainsi donc fut lavée la sordide avanie ;

Le bougre a cher payé toutes ses félonies.

Cependant, je ne fus qu’à moitié consolé

Car j’aurais préféré moi-même l’immoler.

 

ELISE

Pourtant, je ne parviens à croire qu’il soit mort !

 

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